Oleksandr est un ancien résident de la MDJ (Maison des
journalistes). Il est Ukrainien et nous à conté le témoignage de son
expérience. Sa carte d’identité fut l’Hymne de la Maison des Journalistes, « Notre
passage par la maison ».
Voici donc le témoignage poignant de notre journaliste ukrainien.
Par choix, j’ai gardé ses mots et sa façon de s’exprimer. Ils sont bien plus « vrais »
que nos propres tournures de phrase…
Témoignage
« J’ai cinquante ans et je suis journaliste depuis
1981. Je suis né lors de l’union soviétique à la capitale Kiev de l’Ukraine
près du grand fleuve.
« J’ai fait mes études à l’université, j’ai fait des
études de langues russes et ukrainiennes, notamment à Varsovie. Puis j’ai d’abord été professeur de russe
pendant trois an pour « rembourser » mes études. J’ai alors fait un peu d’écriture, j’ai eu
deux diplômes, de l’université et de journalisme du parti communisme puis je
suis devenu reporter d’un journal socialiste, le Communistytchna prasta. Son
nom veut dire « le travail gratuit ».
Pour ma carrière je devais faire partie du parti communiste,
c’était un régime totalitaire.
On m’a dit : « si tu veux faire ton avenir et
monter dans ta carrière, il faut vivre avec ce parti. »
C’est un système violent, il n’y a pas de liberté de presse,
les journaux sont tous communistes, il n’existe pas d’autres partis. Et le système,
n’aime pas que l’on dise la vérité, parce que, dire la vérité, c’est un peu
être contre le gouvernement, c’est dangereux.
« Puis en 1991, l’union soviétique a été écrasée. L’Ukraine
est devenue indépendante, il y a eu un
président.
L’état d’esprit est différent de la France, c’était toujours
un parti communiste dû à l’ancien état soviétique. Et en étant un pays pauvre,
le système économique a été écrasé. Donc l’Ukraine était le mélange d’un
système socialiste et capitaliste « sauvage ».
C’est le pays de la corruption, si tu veux aller à l’université, apprendre, travailler en
entreprise, tu dois payer. C’est l’argent noir.
« En 1994, on m’a proposé d’être rédacteur en chef du
journal « Delovoy Peleyast » alors que le système politique avait
changé. C’était juste par son nom une
démocratie, et j’étais journaliste indépendant, mais c’est dangereux de vouloir
écrire la vérité, ils n’apprécient pas. J’étais indépendant mais je devais
avoir des idées socialistes.
« En 2000, le président Koutchma organisa l’assassinat
des journalistes qui géraient un site contre les sales affaires du
gouvernement. J’ai alors décidé d’enquêter sur l’équipe de journalisme où j’étais
et j’ai découvert des dossiers secrets et sales…
J’ai voulu arrêter de travailler dans cette équipe d’assassins,
et je préférais rester pauvre mais fier et droit dans mon esprit.
Ils ont accepté ma démission.
« C’est alors qu’un matin, quand je suis sorti de chez
moi on m’a attaqué et battu à coup de barres de métal. J’ai été à l’hôpital
pendant 6 mois, j’avais perdu la vue et du sang. Quand je suis sorti, on m’a agressé dans la
rue. Il y avait cinq bandits. Heureusement, j’avais le droit de porter le
pistolet et j’ai touché le pied de l’un d’entre eux.
De suite on a porté l’affaire criminelle contre moi. On m’a
envoyé sous examen psycho-thérapeutique, alcoolique… J’ai compris que le système
était vraiment dangereux.
En 2002, on m’a incité à partir. Cela devenait trop risqué
car je connaissais les sales affaires du gouvernement. C’était pour cela aussi
qu’ils m’avaient agressé et menacé.
« Je suis venu en France en juin, cinq mois avant l’élection
présidentielle en Ukraine. J’ai écrit une lettre au président, mais là-bas, l’affaire
criminelle était toujours montée contre moi, ils m’appellent le traître, je
suis le traître et aujourd’hui encore, je suis passible de prison si je
retourne dans mon pays. Mais j’aimerai bien pourtant… Je suis optimiste, avec
le temps je pense que ça ira de mieux en mieux. »
Natacha BORDES
Compte-rendu Interview
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